Juillet 2008
Mixer les énergies de chauffage en réhabilitation apparait au demeurant difficile, pourtant le parc immobilier existant est d’un potentiel d’économies d’énergie si élevé qu’il est primordial de réfléchir à des axes concrets de travail.
Pensez basse consommation en réhabilitation comme en neuf.
L’approche conceptuelle dans l’existant en terme d’efficacité énergétique ne doit pas être moindre que dans l’habitat neuf. Le potentiel d’économies d’énergie est énorme, surtout pour les bâtiments ayant été construits avant 1975 (apparition en France des premières règles thermiques TH77).
Les réflexes de conception doivent être, à mon sens exactement les mêmes pour atteindre l’objectif dit de basse consommation de 80 kWh/m²/an, base de consommation pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, la ventilation. Rappelons que le parc existant de logement soit environ 17,5 millions de logements anciens est actuellement plus proche des 200 et 300 kWh/m²/an. Rappelons également que la réglementation existe désormais pour les bâtiments existants et que certaines dispositions sur l’isolation et le chauffage sont obligatoires (cf § en fin de ce document). |
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Exemple de biénergie dans un immeuble collectif |
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Certes dans la maison individuelle, il y a plus de latitude pour entreprendre des travaux d’amélioration énergétique. L’habitat collectif n’est pas une impasse et bon nombre de solutions existent pour atteindre ou tendre vers des BBC bâtiments basse consommation. En premier lieu, il faut agir sur l’isolation thermique et le remplacement des vitrages. L’isolation par l’intérieur reste l’action de base car il paraît difficile d’isoler par l’extérieur des immeubles anciens avec des façades travaillées. Les épaisseurs d’isolant doivent être importantes. Nos anciennes habitudes de doubler les murs avec un isolant de 8 à 10 cm font désormais parti du passé. Nous devons passer à des épaisseurs de 15 à 20 cm, c’est ce que font nos voisins Allemands ou Suisse, et c’est ce que nous commençons à faire. C’est un acte essentiel pour baisser la consommation du bâti par une isolation renforcée. Le remplacement des surfaces vitrées est également essentiel surtout si ces dernières sont équipées de simples vitrages. Pour mémoire, un vitrage de 4 mm a une caractéristique thermique de 5,5 W/m².K. Aujourd'hui, les vitrages isolants les plus performants ou à isolation renforcée bénéficient d'un coefficient Ug de 1,1 W/m².K. Les triples vitrages présentent des performances thermiques encore meilleures pour atteindre un coefficient d’isolation thermique Ug jusqu’à 0,5 W/m² K. En rénovation et surtout en milieu urbain, le confort thermique sera le premier gain mais également le confort acoustique. Les chassis seront choisis soit en aluminium soit en PVC, voire en bois. Un aspect identique aux fenêtres et baies de la copropriété sera obligatoire. La ventilation. D’autant plus si le bâti a été isolé et les fenêtres remplacées, le système le plus performant sur le plan énergétique reste la ventilation double flux avec récupération de chaleur Dans l’existant et les immeubles anciens collectifs, très souvent, de nombreuses gaines techniques existent (souvent des trémies de cheminées inutilisées ou d’anciennes gaines de ventilation statique) et peuvent servir de passage aux réseaux d’air neuf et d’air extrait. A noter que la présence de la récupération de chaleur fait gagner 20 à 25 kWh/m²/an. La ventilation simple flux est à concevoir en cas d’impossibilité. Elle sera d’autant plus obligatoire que les chassis vitrés auront été remplacés. Les entrées d’air (hygroréglables de préférence) seront à incorporer dans les menuiseries pour garantir un renouvellement d’air hygiénique. Un autre système de ventilation qui s’adapte particulièrement bien dans l’existant est la VMR, la ventilation mécanique répartie. Le principe consiste à équiper les pièces de petits extracteurs et insufflateurs d’air. Le système de chauffage biénergie, une solution à envisager. En revanche si l’eau chaude sanitaire est individuelle par de simples ballons cumulus, il sera difficile de repasser en eau chaude collective qui seule peut permettre une couverture par l’énergie solaire thermique. L’occupant qui possède un cumulus électrique maîtrise sa propre consommation et s’il doit remplacer son ballon, cela ne lui coûtera que quelques centaines d’euros. Il aura du mal à investir dans une installation commune. De plus, l’arrêt total du chauffage et de la chaudière collective en hiver n'est pas une mauvaise chose sur le plan du rendement énergétique. Tableau de synthèse « amélioration pour un habitat collectif basse consommation »
La question est pertinente. Effectivement si l’immeuble est une véritable passoire thermique, l’occupant pourrait remplacer des menuiseries par des vitrages très performants, isoler efficacement par l’intérieur, …, et vouloir installer un système de chauffage réduit en puissance et ainsi se déconnecter du chauffage central collectif.
A ce titre rappelons que le décret du 19 mars 2007 instaure des exigences d’économie d’énergie dans les bâtiments existants. Ainsi avant toute réhabilitation lourde de plus de 1000 m², non seulement une étude de faisabilité technico-économique intégrant les énergies renouvelables est obligatoire, mais le maître d’ouvrage a obligation d’améliorer la performance énergétique du bâtiment. Cette mesure est obligatoire à partir du 1er avril 2008 lorsque le coût prévisionnel des travaux de rénovation est important, soit des travaux supérieurs à 25% de la valeur du bâtiment hors foncier).
Sources et liens utiles
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Ingénieur thermicien, Philippe NUNES vous livre son point de vue sur les technologies des équipements et solutions de chauffage, climatisation, ventilation. Directeur Général de Climamaison, il intervient en apportant son éclairage et son expérience de plus de 20 ans dans les métiers du confort thermique.