Mai 2007
De plus en plus nécessaire à la « survie estivale », la climatisation de l’habitat est au centre de la problématique des villes. Les grandes métropoles multiplient les expériences en vue de la rendre « éco-compatible ».La climatisation de l’habitat, des progrès indispensables. Une dépêche de l’AFP du 6 avril exposait les conclusions du 2e volet du rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat), récemment publié. Elles n’ont surpris personne : des « vagues de chaleur éprouvantes dans les villes (surtout en Amérique du Nord) et des tempêtes plus intenses qui toucheront particulièrement les côtes », avec pour effet notable une « baisse du débit des rivières et du niveau des lacs et une augmentation des tempêtes sur les côtes ». Corollaire inattendu, cette tendance, note le rapport, « suscitera par ailleurs des tensions sur la fourniture d'hydro-électricité alors que la demande de courant augmentera pour la climatisation dans la plupart des grandes villes »… illustration symbolique de la cruelle et probable évolution de nos conditions de vie pour le siècle à venir : faire face à des conditions environnementales de plus en plus difficiles, principalement dans les villes, tout en risquant de ne pouvoir réellement employer les moyens qu’offrent les techniques contemporaines de la climatisation. Il faudra donc inventer de nouvelles solutions de climatisations moins gourmandes en énergie… ou s’habituer à de longs étés, toujours plus torrides.
Des villes tentaculaires, à la recherche de fraîcheur artificielle… Un article du New Scientist, hebdomadaire britannique, paru en juin 2006, rappelait la tendance à la concentration urbaine, observée depuis le début du siècle dernier : « A peine peuplé du quart de la population londonienne il y a un siècle, Tokyo a depuis dépassé la barre des 34 millions ». La migration des campagnes vers les villes, signalait l’article, est un phénomène qui rendra d’autant plus prégnantes les conséquences du réchauffement… et la nécessité de se « rafraichir », par des procédés toujours plus économes en énergie. Notons que le concept de ville est ici pris au sens large et l’exemple typique en est la banlieue américaine « où chacun a sa petite maison au bout d'un interminable ruban d'autoroute. Ces villes denses (qui) posent plus de problèmes qu'elles n'en règlent, (où) les systèmes de climatisation et les autres appareils électriques dégagent aussi de la chaleur et où les tours empêchent le vent de l'évacuer »…
Un travail de fond sur le rendement énergétique des grandes métropoles mondiales
Pour adapter le développement de certains centres urbains, des expériences originales sont conduites un peu partout dans le monde. Dans un même esprit, le bimestriel Sanctuary India, publiait dans le même temps une longue enquête sur « l'îlot résidentiel de BedZed (dans le sud de Londres, qui) arrive à un solde d'émission de gaz carbonique zéro, grâce à différentes initiatives » faisant appel à toute une batterie de procédés innovants destinés à réduire la production d’énergies tout en offrant le confort de vie maximal, notamment dans les domaines du chauffage et de la climatisation.
Génie climatique : la France, sensibilisée mais pas convaincue, risque de voir passer le train. En plein cœur de l’Europe, la France, depuis le calamiteux été caniculaire de 2003 (15.000 morts parmi les personnes les plus fragilisées), peine à généraliser l’adoption de systèmes de climatisation pour sortir de la torpeur estivale. L’expression, malgré un formidable accroissement des ventes d’appareils individuels observé depuis 3 ans, traduit bien une « résistance culturelle » des Français à cet équipement pourtant ultra répandu dans le reste du monde développé, commente le journaliste : « un petit ventilateur, les volets fermés, une bonne petite cruche de jus d’orange frais et ça roule… ». Voilà donc la « potion magique » du « village d’irréductibles Gaulois » que serait restée la France en matière de climatisation, la privant ainsi de toutes ses chances dans la course à un indispensable progrès technique en la matière ? Notons, pour la petite histoire, les chiffres communiqués en mars 2006 par le quotidien économique Les Echos, sur la progression des ventes d’appareils de climatisation individuels en 2005 (soit deux ans après l’année de la canicule de 2003) : - 28% par rapport à 2004, contre + 11% pour la vente de VMC (appareils de ventilation mécanique contrôlée) ou + 18% pour la vente … de ventilateurs. Ces chiffres en disent long sur le point de vue Français sur la question de la climatisation.
Tout espoir n’est pas perdu… Mais il n’est pas vain de s’imaginer voir un jour la climatisation répandue au sein de l’habitat citadin le plus large.
Dans un esprit comparable, signalons l’article du 15 février 2007 paru dans le même quotidien 20 minutes, qui traitait de l’aspiration de la région Ile-de-France à hisser la filière du bâtiment au niveau de ses collègues européennes en matière de développement durable. Débutant par une visite du fameux quartier BedZed de la banlieue londonienne, la députée-maire du 17e arrondissement, Françoise de Panafieu, ne put d’abord que constater le retard (« rien, en France, n’est comparable ») avant de souligner la possible création d’un éco-quartier de 40 hectares au cœur des Batignolles ainsi que l’existence, déjà avancée, d’un projet, « celui de la ZAC Rungis (3 ha), (qui) va intégrer le concept de bâtiments économes en énergie (50 Kwh/m2/an) et d'énergies renouvelables. |
Rédacteur d’articles, de revues de presse et d’éditoriaux pour diverses parutions spécialisées ou généralistes, Jean Pellegrino prête une grande attention à l’actualité française et internationale. Cet intérêt lui permet aujourd’hui de traiter pour Climamaison des questions d’environnement en observateur averti, au travers d’une revue de presse mensuelle.Son ambition est de faire partager au plus grand nombre un point de vue synthétique et original sur l’actualité de l’environnement, en insistant sur les enjeux écologiques, économiques et de société d’un thème qui est, à plus d’un titre, … dans « l’air du temps ».