Novembre 2007
La hausse continue du coût des énergies fossiles traditionnelles (pétrole, gaz ou charbon) est aujourd’hui au cœur des préoccupations des gouvernements comme des consommateurs. Si, pour les gouvernements, le problème se pose en termes d'indépendance énergétique et de balance commerciale, les particuliers, eux, voient les choses de façon plus pragmatique : hausse du budget chauffage et facture salée à la fin du mois !
Une situation d'autant plus explosive que l'on sait que ces énergies ne sont pas inépuisables, que leur coût d'exploitation est de plus en plus élevé, et que leur tarif devrait inévitablement s'accroître encore dans les années à venir.
Dans ce contexte, la fée électricité semble avoir encore de beaux jours devant elle. Energie populaire car peu chère, elle est plébiscitée, en France, par 26 millions de clients particuliers. Depuis le 1er juillet dernier, date de libéralisation totale du secteur, moins de 4 000 clients particuliers ont quitté EDF au profit d'un autre opérateur. La loi de décembre 2006 relative au secteur de l'énergie prévoit qu'un particulier qui s'installe dans un logement ne bénéficiant plus des tarifs administrés est tenu de rester aux prix de marché. Une situation jugée injuste par Ladislas Poniatowski, le sénateur UMP rapporteur d’une proposition de loi visant à modifier le texte initial, soit à autoriser les particuliers à retourner aux tarifs réglementés de l'électricité et du gaz lorsqu'ils déménagent d'un logement à l'autre. Cette loi de 2006 expose, en effet, « certains ménages à des hausses probables de leur facture en les privant de la possibilité de bénéficier d'un tarif réglementé, alors même qu'ils n'auront jamais souhaité explicitement faire le choix de la concurrence ». Cette proposition de loi a été adoptée par le Sénat au mois de septembre dernier et autorise donc ce principe de réversibilité du choix du fournisseur jusqu'au 1er juillet 2010. Jusqu'en 2010 également, les particuliers emménageant dans un logement neuf ont accès, s'ils le souhaitent, aux tarifs administrés. Cela laisse donc trois ans aux pouvoirs publics pour négocier avec Bruxelles le maintien des prix réglementés. Elec et PAC, ou le mariage économique La dernière augmentation du tarif de l’électricité date du 15 août dernier (+ 1,1 %). Cette hausse a donc représenté une augmentation de 0,1 centime d'euro en moyenne par kWh. L’impact pour un foyer logeant dans un appartement ou une maison d'une surface habitable de 100 m2 est de moins d'un euro par mois. EDF a souhaité rappeler que cette évolution s'applique aux clients qui ont choisi, dans le cadre de l'ouverture des marchés, de conserver le tarif réglementé. Cette fixation de la hausse des tarifs en-dessous de l’inflation pendant au moins cinq ans est obligatoire du fait du contrat de service public signé entre EDF et le gouvernement, en octobre 2005. Le prix du kilowattheure est donc de 0,0661 euro TTC en heures creuses et de 0,1085 euros TTC en heures pleines (Tarif bleu, usage habitation).
Source : Mobiteck
Et pour cause : la PAC permet de réaliser des économies d’énergie et de préserver l’environnement. Pour produire 100% de chaleur utile, les chaudières traditionnelles consomment 110 à 120 % d'énergie primaire (fioul ou gaz), non renouvelable et polluante. Le générateur thermodynamique a un effet inverse. En utilisant 1 kWh d‘électricité pour faire fonctionner la pompe à chaleur, vous pouvez récupérer gratuitement jusqu'à 3 kWh naturellement présents dans l'environnement, tout en le préservant. Ce passage de 1 à 3 est appelé COP (coefficient de performance de la pompe à chaleur), c’est pour ainsi dire le rendement.
Seul défaut de ces systèmes aux yeux des particuliers : un coût d'installation encore élevé. Un frein en partie levé grâce à un crédit d'impôts incitatif de 50 %, qui explique aussi peut-être en partie l’engouement des Français pour les PAC en 2006… Mais pour une minorité des Français. Seulement ceux qui disposent des moyens financiers suffisant pour avancer le montant du crédit d’impôts qui leur sera remboursé par la suite… Quid des personnes aux revenus modestes, pour qui la somme de 10 000 à 12 000 euros, relative à un système sophistiqué, est considérable ? Même si le crédit d’impôts est ouvert aux Français non imposables, il n’en demeure pas moins un investissement conséquent et par forcément accessible à toutes les bourses. D’autant que la demande des personnes disposant de ressources élevées ou moyennes et souhaitant s’équiper de PAC risque d’être de moins en moins forte, au fur et à mesure que le parc de PAC installées s’agrandit. Un nouveau marché pourrait donc s’ouvrir pour les fabricants de pompes à chaleur, d’autant que la future réglementation thermique RT 2010 ne pourra qu’être très favorable à type de systèmes. Les pompes à chaleur pourraient même devenir les nouveaux standards en termes de consommation d’énergie. Tout le monde devra donc être équipé de ces systèmes performants. Les pouvoirs publics devraient peut-être donc penser à instaurer une prime individuelle à l’installation, plus équitable finalement que le crédit d’impôt, que viendraient compléter les aides déjà existantes d’organisations telles que l’Ademe, l’Anah et autres conseils généraux.
La pompe à chaleur ne serait-elle pas le premier pas vers une large démocratisation des énergies renouvelables ? Malheureusement, le sens de l’écologie reste encore trop souvent un luxe. En tout cas, pour le moment ! Si l’on regarde d’un peu plus près la définition du développement durable, la notion d’équité dans sa dimension sociale apparaît clairement. Voici la définition qu’en donne la Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport Brundtland, en 1987 : « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de " besoins ", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » Le photovoltaïque, pour produire soi-même son électricité Dans le logement individuel, le succès du chauffe-eau solaire, promu par le Plan Soleil de l’Ademe, laisse augurer une progressive évolution des mentalités.
Source : LVM Energie
On peut aller encore plus loin, en imaginant, par exemple, l’installation d’une production d’électricité décentralisée, en site isolé ou raccordée au réseau, grâce au solaire photovoltaïque. Cette technique consiste à produire de l’électricité grâce au rayonnement solaire : l’impact des « photons », ondes lumineuses du soleil sur des plaques appelées panneaux photovoltaïques génère des électrons. Le coût d’une telle installation n’est pas vraiment compétitif, mais si, là encore, on ajoutait au crédit d’impôt déjà existant pour ce type de système, une prime individuelle, il pourrait devenir accessible. La puissance installée en France est de l’ordre de 4000 MWc* alors qu’elle est près de 100 fois supérieure en Allemagne où les prix de rachat de l’électricité produite sont très avantageux. Toutefois, en France, de plus en plus de particuliers se tournent vers cette production d’électricité compte tenu des nouvelles dispositions (mai 2006) concernant l’obligation de rachat de l’électricité ainsi produite à des tarifs intéressants : 55 centimes d’euros le kilowattheure, alors qu’EDF le revendra à environ 15 centimes. A ce tarif, un particulier avec une installation photovoltaïque raccordée au réseau a tout intérêt à vendre la totalité de sa production, et à acheter l'électricité dont il a besoin !
Source : Prigent Abiven
Des recherches sont actuellement en cours, notamment en Suisse, pour combiner pompes à chaleur et installations photovoltaïques. Le principe ? Produire soi-même le peu d’énergie motrice dont la pompe à chaleur a besoin pour fonctionner, dans un bâtiment très bien isolé thermiquement et ne nécessitant donc que quelques kilowatts de chauffage. On peut donc imaginer une installation performante avec des panneaux photovoltaïques montés sur bâtiments présentant une isolation optimale fournissent l’électricité solaire aux PAC. La maison à basse consommation pour tous n’est peut-être pas pour demain, mais pour après-demain, à n’en pas douter. Un petit coup de pouce des pouvoirs publics ou des industriels, et ce serait un nouveau marché qui naîtrait. La prise de conscience de la pénurie future en énergies fossiles et de la nécessité de renverser les machines pour limiter les dégâts sur l’environnement de nos surconsommations existe déjà. La volonté d’agir aussi. Reste à mettre tous les moyens en œuvre pour que le recours aux ENR ne soit plus un droit, comme la dit la définition du développement durable, mais un devoir de tous. *Le kilowatt crête (kWc) est l’unité de mesure de l’énergie produite par du solaire photovoltaïque. Cela correspond à la puissance maximale, donc potentielle, produite.
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